La variole du singe est une zoonose due au monkeypox virus (MPXV) qui appartient au même genre que le virus de la variole humaine, les Orthopoxvirus. Découvert en 1958 chez des macaques importés de régions tropicales, ce n'est pourtant pas un virus simien, son réservoir semblant partagé entre plusieurs espèces de rongeurs sauvages africains.
Le premier cas humain de variole du singe a été décrit en 1970 chez un enfant en République démocratique du Congo, pays le plus touché par cette virose. Longtemps confondue avec la variole humaine, qui est officiellement éradiquée depuis 1980, et prévenue à 85% par l'immunité croisée induite par la vaccination antivariolique, la variole du singe a émergé dans plusieurs régions d'Afrique centrale et occidentale, l'écosystème de la forêt tropicale humide favorisant sa transmission zoonotique par contacts ou consommation de viande de brousse.
Des cas ont aussi été décrits hors d'Afrique, notamment en 2003 dans le Midwest américain où 71 personnes ont été contaminées par des rongeurs autochtones (chiens de prairie), ces derniers ayant été contaminés dans une animalerie par des rats de Gambie importés du Ghana.
La variole du singe évolue favorablement dans la majorité des cas. Elle est beaucoup moins grave que l'était la variole humaine, le taux de létalité dépendant de l'origine géographique des souches : 10,6% pour l'Afrique centrale versus 3,6% pour l'Afrique occidentale.
Depuis le 7 mai 2022, une épidémie de cas humains de variole du singe est constatée en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Le 6 juillet 2022, 7146 cas ont été recensés dans 53 pays, dont 577 en France. Cette épidémie révèle des changements majeurs dans l'épidémiologie de cette zoonose tropicale :
La transmission interhumaine du MPXV est connue, près de 50% des personnes vivant auprès d'un sujet infecté pouvant être contaminées, soit directement par contact avec des lésions cutanées ou muqueuses, des fluides corporels, des gouttelettes respiratoires, ou indirectement par l'intermédiaire d'objets contaminés. Toutefois, la voie sexuelle n'avait pas été décrite parmi les modes de transmission interhumaine et les HSH n'étaient pas considérés comme une population à risque. De rares cas secondaires sont observés aussi chez des femmes et des enfants, mais à la faveur de contacts intimes et répétés avec des partenaires multiples et variés, le MPXV se propage vite dans certaines communautés gays. Cette forme épidémique de variole du singe en fait une nouvelle IST, le virus ayant été isolé dans le sperme de patients.
Cette évolution pourrait résulter de modification d'une branche divergente des souches africaines de MPXV, la souche épidémique ayant une origine unique et révélant des signes potentiels d'adaptation humaine [8]. Il faut craindre l'établissement de réservoirs humains de ce virus et que la maladie devienne endémique.
En France, la variole du singe fait l'objet d'une déclaration obligatoire et une campagne d'information a été lancée auprès des acteurs de santé et des organismes en charge des HSH.
La Haute autorité de santé a recommandé une stratégie vaccinale réactive post-exposition avec un vaccin antivariolique de troisième génération selon un schéma à 2 doses.
Le 25 juin 2022, le comité d'urgence de l'OMS n'a pas conclu que la variole du singe était une urgence de santé publique de portée internationale. Il se réunira à nouveau le 18 juillet, alors même que l'épidémie ne cesse de s'étendre.
L'Académie nationale de médecine recommande de mettre en œuvre toutes les mesures disponibles permettant de contrôler sa diffusion, notamment de :
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