Mise en page du blog


De la santé à tout prix à la santé au juste prix
juin 29, 2021

Partager

« La santé à tout prix ». Cette formule a donné le ton de l’action publique dès le début de la crise sanitaire que nous traversons et reste au centre des débats des candidats aux élections régionales prévues les 20 et 27 juin.

À certains égards, l’épidémie de SARS-CoV-2 a permis de mettre en lumière les limites de la formule. Si elle est pertinente pour faire face à l’urgence sanitaire d’une pandémie, la question de sa pérennité est posée : la santé à tout prix, oui, mais jusqu’à quand ?

La France a enregistré une hausse colossale des dépenses de santé (+ 6,5%) au cours de l’année 2020. Les collectivités locales se sont révélées les artisans d’une rationalisation des soins déployée dans l’urgence, en privilégiant l’action de terrain sur la stricte application des « compétences » qui leur sont dévolues.

La juste allocation de ressources, un idéal accessible


Améliorer la ressource médicale sur les territoires ne relève pas de l’utopie, à condition de connaître précisément les besoins en santé et d’activer les facilitateurs de la coordination des soins :  
  • Favoriser la mise en place d’expérimentations locales, courtes et différenciées par les ARS (Agences Régionales de Santé), dont l’objectif serait de cartographier avec précision les besoins en santé sur des territoires donnés et d’y apporter des réponses appropriées et spécifiques.
  • Mettre en place  un « ORDAM » - objectif régional de dépenses d’assurances maladie - dont la définition serait établie en coordination avec l’ONDAM, déterminé nationalement. En régionalisant les dépenses selon un cahier des charges établi avec l'État, il serait possible d’optimiser l’allocation des ressources au bénéfice des patients et de l’ensemble des acteurs de santé.
  • Créer une convention entre GHT et CPTS, sous les auspices de l’ARS. Il n’existe pas de cadre défini pour la coordination et la mise en cohérence des GHT (Groupement Hospitalier de Territoire) et des CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé). À la clé, des risques de doublons ou de défaut de coordination entre les organismes concernés. Cette convention fixerait le cadre de cohérence entre ces organismes sur leur champ respectif de compétence, les objectifs et moyens susceptibles d’être mobilisés, ainsi que des points de coordination réguliers.
La e-santé, acteur à part entière de cette transformation

La e-santé est un acteur phare de la révolution sanitaire. Elle sera essentielle dans le processus de rationalisation des ressources, tout en apportant toutes les garanties, pour les personnels de santé comme pour les patients, en matière de confidentialité et de protection des données. Pour permettre cette transformation, nous nous devons de :
  • Recourir davantage aux nouvelles technologies comme la big data et l’intelligence artificielle. L’analyse des données permet, par exemple, de caractériser des risques spécifiques sur un territoire et contribuer à une approche prédictive en matière de santé (ex. prévalence de maladies chroniques liées à la qualité de l’air, etc.).
  • Favoriser la généralisation et l’enrichissement du Dossier Médical partagé et communiquer autour de Mon Espace Santé. Dix-sept ans après son lancement, le DMP doit devenir une priorité. C’est la condition de gain de temps, de ressources et d’efficacité dans la prise en charge des patients.
Il conviendrait également, pour les collectivités, de communiquer davantage autour du lancement en janvier 2022 de Mon Espace Santé, la plateforme centrale qui permettra de clarifier le parcours de soins auprès des patients.
 
Déserts médicaux riment avec déserts numériques


L’illectronisme (illettrisme numérique) est un premier écueil auquel la télémédecine peut apporter une réponse (usage de la téléphonie sans nécessairement recourir à l’Internet), mais cela ne suffit pas. La réticence et/ou l’insuffisante familiarité avec les outils numériques constituent une véritable source d’inégalité sociale et générationnelle. Il conviendrait donc de lancer un plan national de lutte contre l’illectronisme et d’en faire une priorité. Pérenniser le dispositif de téléconsultation par téléphone, très utile durant la crise, notamment dans les zones rurales les plus isolées (déserts médicaux/déserts numériques) pourrait également être envisageable.

***

Il s’agit donc de faire du digital le meilleur des ponts vers la médecine physique de proximité ; pour ne pas vider des territoires entiers de leur faible ressource médicale et de leurs infrastructures de santé ; pour ne pas voir naître un système de santé à deux vitesses ; et surtout, pour éviter de délocaliser notre ressource, qui s’est révélée si précieuse en ces temps de crise.

Guillaume Lesdos
Président et Co-fondateur de Medaviz
Partenaires
Share by: