Aux Hospices Civils de Lyon, les prélèvements de foie sur donneur vivant s’effectuent désormais avec l’assistance d’un robot chirurgical. Une procédure inédite en France qui illustre, une nouvelle fois, la capacité d’innovation du CHU en matière de chirurgie robotique et son excellence dans le domaine de la transplantation hépatique. 

Aux Hospices Civils de Lyon, l’historique de la greffe de foie est un historique d’exception. Il y avait déjà eu les premières greffes en France issues d’un donneur vivant et celles issues d’un donneur décédé par arrêt cardiaque lié à l’arrêt de soin (prélèvements « Maastricht III »). Il y a eu aussi l’une des toutes premières utilisations au monde d’une machine de perfusion hypothermique pendant la réalisation d’une bipartition, procédure qui permet, à partir du partage d’un greffon entier, de réaliser deux transplantations avec deux hémi-foies. Il y a désormais une nouvelle innovation : le prélèvement de foie sur donneur vivant par robot chirurgical. Ce type de prélèvement s’effectue essentiellement pour des receveurs pédiatriques en attente de transplantation hépatique. En pratique, le donneur vivant est l’un des deux parents ou une personne issue de l’entourage intrafamilial. L’intervention consiste à prélever chez un adulte une partie du foie, le lobe gauche, plus petit que le lobe droit mais suffisamment volumineux, pour être greffé chez l’enfant.

Déjà rompus aux procédures de prélèvement sur donneur vivant pour transplantation hépatique, les Hospices Civils de Lyon sont désormais, en France, le premier établissement de santé à les réaliser avec l’assistance d’un robot chirurgical, le Da Vinci Xi. Robot qui présente de nombreux avantages : « Le prélèvement sur donneur vivant exige d’assurer une sécurité optimale aux donneurs, qui, rappelons-le, ne sont pas des personnes malades. L’intervention chirurgicale doit être la plus précise possible et c’est ce que permet l’approche robotique. C’est un progrès supplémentaire qui prolonge encore davantage la révolution opérée par le développement de la chirurgie mini-invasive », explique le Pr Jean-Yves MABRUT, chef de service du service de chirurgie générale, digestive et transplantations hépatiques et intestinales de l’hôpital de la Croix Rousse.

Greffer les adultes et les enfants

L’utilisation de la robotique permet des gestes plus précis, des sutures très fines pendant l’intervention avec des cicatrices plus esthétiques pour le donneur. La chirurgie mini-invasive permet au greffon d’être prélevé de façon optimale et au donneur de récupérer plus rapidement avec moins de séquelles pariétales. Les équipes du service de l’hôpital de la Croix Rousse ont suivi une formation spécifique pour prendre en main le robot. Composé de deux consoles, où s’installent les chirurgiens, et de quatre bras articulés – trois bras instrumentés et un autre pour l’optique -, l’outil laisse le chirurgien guider les mouvements à l’aide d’une vision magnifiée en 3D et de joysticks. Deux donneurs ont déjà pu être prélevés en octobre. “J’ai choisi l’option du prélèvement sur donneur vivant pour permettre à mon fils, qui aura un an le 15 novembre, de recevoir la greffe dont il avait besoin. J’étais rassuré à l’idée de savoir d’où venait le foie qui allait lui être transplanté. L’intervention comme mon hospitalisation, laquelle a duré une semaine, se sont bien déroulées. Les cicatrices ne sont pas douloureuses et sont peu visibles. La greffe de mon fils s’est très bien passée elle aussi”, raconte ainsi un donneur récemment opéré.

Ce nouveau recours au robot Da Vinci Xi confirme les deux points forts des Hospices Civils de Lyon en matière de pathologie du foie : une volonté continue d’innovation technologique et la capacité à prendre en charge les transplantations hépatiques à la fois adultes et pédiatriques. “Tout le travail mené en pédiatrie – prélèvements sur donneur vivant, bipartitions – bénéficie à l’activité adulte de transplantation tout comme l’expertise adulte, notamment en perfusion d’organes, bénéficie à l’activité pédiatrique”, souligne le Pr Jean-Yves MABRUT.

Une activité portée par l’Institut d’Hépatologie de Lyon, créé au printemps 2022 par les HCL, l’Université Claude Bernard Lyon 1, le Centre Léon Bérard et l’Inserm, et qui bénéficie d’ailleurs, depuis mai 2023, d’un cadre unique en France : le tout premier label Institut Hospitalo-Universitaire consacré aux pathologies hépatiques.

Les progrès devraient continuer, puisque les équipes vont débuter un programme de greffe auxiliaire chez l’adulte, lequel est réalisé en deux temps : une transplantation d’un lobe gauche (prélevé sur un donneur vivant ou après bipartition) chez un receveur adulte (après retrait de son lobe gauche) puis, après quelques semaines, le retrait du lobe droit pathologique du receveur adulte pour ne laisser que le lobe gauche préalablement greffé, qui aura alors atteint une taille suffisante après régénération. Autant de nouveautés qui font des Hospices Civils de Lyon un centre de premier plan en matière de transplantation hépatique, avec déjà près de 100 greffes adultes réalisées depuis le début de l’année.

Aux HCL, des robots au cœur des hôpitaux

L’intégration du robot Da Vinci dans les chirurgies préventives du sein s’inscrit dans la stratégie robotique, vaste et ambitieuse, des Hospices Civils de Lyon. En 2003, les HCL figuraient parmi les premiers CHU nationaux à s’équiper d’un robot médical. Vingt ans plus tard, l’institution a débloqué 10 millions d’euros, grâce à un programme d’investissements innovants, pour se doter de sept nouveaux robots chirurgicaux, aux utilisations transverses.

Objectif : construire un parc innovant et à la pointe de la technologie, capable de faire évoluer les pratiques chirurgicales et d’améliorer la prise en charge des patients. Et ce, dans des spécialités variées – de la radiologie interventionnelle à la chirurgie orthopédique, en passant par l’urologie, l’ORL et la chirurgie cardiaque.

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